6e dimanche de Pâques 17 mai 2020

Chers paroissiens,

Dimanche 17 mai 2020
6e dimanche de Pâques

Les Apôtres ont su s’adjoindre sept disciples de langue grecque pour s’occuper des veuves de leur communauté. Mais ils reconnaissent aussi, comme Pierre et Jean, l’apport de Philippe à la mission d’évangélisation. Apôtres ou « diacres », tous agissent sous la motion de l’Esprit.

Coloriage 6e Dimanche Pâques

Textes du 6e dimanche de Pâques:
https://www.aelf.org/2020-05-17/romain/messe

1re lecture : Ac 8,5-17

Le Ressuscité, juste avant son Ascension, avait demandé à ses disciples d’être ses témoins “à Jérusalem, en Judée, en Samarie et jusqu’aux confins de la terre”. Ce projet se réalise progressivement : après Jérusalem et la Judée, la Samarie est atteinte.

“Les apôtres apprirent que les gens de Samarie avaient accueilli la Parole de Dieu” grâce au témoignage de Philippe. Pour Luc, c’est bien le signe que l’Évangile ne doit pas rester à Jérusalem, mais que le travail des communautés consiste à le porter plus loin encore, jusqu’au bout de la terre. L’Évangile est pour tous. Personne n’en est exclu.
Luc sait bien qu’au moment où il écrit de nombreux disciples du Ressuscité ont du mal à accepter qu’il faille aller vers les étrangers. Les promesses divines ne regardent que les enfants d’Israël. Si des étrangers veulent en profiter, ils peuvent venir. Mais aller chez eux, n’est-ce pas mépriser les promesses divines ? Il a fallu du temps pour que les premiers chrétiens d’origine juive acceptent l’ouverture à tous. Luc en tout cas a été un des champions de cette ouverture.
Il faut cependant que l’accueil de la Parole par les Samaritains soient reconnu par Pierre et Jean, les deux grandes autorités des communautés chrétiennes primitives. Luc note que Pierre et Jean, sans difficulté, entérinèrent cette ouverture. À leur tour les Samaritains deviennent missionnaires.

Psaume 65

“Toute la terre se prosterne devant toi”, chante le Psaume. Dieu a délivré son peuple de l’esclavage de l’Égypte : “Il changea la mer en terre ferme ; ils passèrent le fleuve à pied sec”. Mais au-delà du peuple, cet exploit était “pour les fils des hommes”. Dieu est le sauveur de tous.

R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur !

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes. 

Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne. 
Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme.
Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

2e lecture : 1 P 3,15-18

Les chrétiens d’Asie Mineure ont dû rompre avec les idées et les croyances de leurs milieux pour choisir le Christ. Ce n’est pas facile. Ils sont les sujets de moqueries, de vexations, et même de persécutions de la part de leurs compatriotes. L’apôtre leur demande de tenir bon.

Au centre de la foi chrétienne: le Christ. C’est le Seigneur, le seul saint. C’est lui qu’il faut faire connaître à ceux qui nous entourent. La foi chrétienne est missionnaire ou elle n’est pas. L’apôtre le rappelle dans cette belle formule à retenir par cœur : “Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous”.
Bien sûr, la mission doit être pensée avec intelligence. Une des meilleures façons de témoigner reste encore d’avoir “une conscience droite”, de mener sa vie “dans le Christ”. Qu’importe si cela n’est pas compris, qu’importe si cela entraîne opposition et souffrance. Et tout naturellement, l’apôtre pense au Christ, à la manière dont il a mené sa vie. C’est lui qui reste l’exemple à suivre.

Évangile : Jn 14,15-21

Les premiers chrétiens attendent la venue du Christ dans sa splendeur de Ressuscité. Mais ils ne voient rien venir et certains s’en inquiètent. L’évangéliste Jean les rassure.

Oui, le Christ viendra avec les temps neufs de Dieu. Mais il vient déjà dans l’Esprit. Celui qui croit perçoit l’action de l’Esprit : “le monde est incapable de le recevoir… Mais vous vous le connaissez parce qu’il demeure auprès de vous et est en vous”.
Les disciples ne doivent pas s’inquiéter. Ils ne sont pas orphelins, car Jésus Ressuscité est avec eux.
La présence du Ressuscité n’est pas extérieure. Elle est d’un autre ordre que l’ancienne présence physique de Jésus de Nazareth.
Les disciples savent que Jésus Ressuscité est en son Père, ce qui lui permet mystérieusement d’être unis à ses disciples : “vous êtes en moi, je suis en vous”.
L’évangéliste ajoute que l’amour du Christ fait percevoir les nouvelles modalités de sa présence: “Celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai et je me manifesterai à lui.”
Inutile donc de se perdre sur le quand et le comment de la venue du Ressuscité dans sa splendeur. Pour l’instant, en étant fidèles à ses paroles, en laissant agir l’Esprit, en aimant, les disciples font déjà venir leur Seigneur. En un sens, la venue du Seigneur se réalise aujourd’hui dans le cœur des disciples, même si sa manifestation éclatante et extérieure se fera au jour fixé par Dieu.

Commentaire

“Zachée, je veux habiter chez toi” (Lc 19,5). Cette parole de Jésus présente une sorte de raccourci de la vie chrétienne. Son caractère imagé peut nous aider à mieux comprendre des passages de l’Écriture d’accès difficile, tels ceux qui composent les lectures de ce dimanche. Les choix de Jésus sont déconcertants. Il appelle à la conversion des marginaux, des étrangers, des gens de mauvaise vie : des publicains, des prostituées ou encore des Samaritains, considérés à l’époque comme un peuple infidèle et perverti. Or la prédication de Philippe en pays samaritain porte des fruits étonnants : des possédés sont délivrés, des paralysés et des infirmes sont guéris. Après Philippe, Pierre et Jean se rendent en Samarie. Ils imposent les mains aux Samaritains, et ceux-ci reçoivent le Saint-Esprit. Après le pardon, le don de l’Esprit ; après Pâques (et le baptême), la Pentecôte. Pourquoi ces étapes successives, sinon – comme le dit Irénée de Lyon – pour “habituer l’homme à habiter en Dieu”.

Nous apprenons à habiter en Dieu en accueillant l’hôte divin chez nous à l’instar de Zachée. Or, dans l’évangile de Jean, Jésus prie le Père de nous donner “un autre Défenseur”. Nous avons en effet un premier Défenseur auprès de Dieu, qui n’est autre que le Christ. C’est lui qui prend notre défense dans le vaste procès qui nous oppose à l’empire du mal. Mais, en quittant les siens, Jésus leur a promis un autre Défenseur, le Saint-Esprit, qui sera pour toujours avec eux. A la différence de l’homme Jésus, qui rendait Dieu présent par sa visibilité corporelle, cet autre Défenseur agit dans nos vies tel un hôte intérieur, discret et invisible, mais c’est le même Dieu qui assure ainsi sa présence dans le monde.

Pour autant, le don de l’Esprit Saint ne nous invite pas à l’évasion hors de nos tâches terrestres. “Si vous m’aimez, dit Jésus, vous vous appliquerez à observer mes commandements”. L’Esprit a pour mission de nous rappeler sans cesse le chemin ouvert par Jésus, que résume le double commandement de l’amour. La pratique fidèle de ce dernier est au-dessus de nos forces, à moins que Dieu lui-même ne vienne habiter chez nous en se faisant notre Défenseur.

Je ne vous laisserai pas orphelins”. Tel est le leitmotiv du passage du discours d’adieu de Jésus qui nous est proposé aujourd’hui.
En réalité, cette promesse se détache sur un double horizon, l’un proche et l’autre plus lointain. Jésus annonce d’une part à ses disciples qu’ils le reverront “d’ici peu de temps” : c’est une allusion à sa résurrection. Mais il demande aussi au Père de donner aux disciples l’Esprit de vérité, qui restera avec eux pour toujours. Une autre parole de Jésus précise le sens de cette promesse de l’Esprit : “Il est bon pour vous que je m’en aille. En effet, si je ne pars pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai” (Jean 16,7).
À notre tour, nous avons à demander à Dieu, comme un don, d’être à même de voir l’Esprit Saint à l’œuvre dans nos vies, dans le témoignage des saints connus et inconnus, dans l’annonce de la parole et dans les sacrements.

Prier avec l’Évangile de ce dimanche

Il est bien mystérieux,
celui que tu promets, Seigneur,
ce Défenseur
que le Père nous donnera
au jour de Pentecôte.
Car tu sais combien il nous faut être défendus
contre nous-même et notre peu de foi.
Il est bien mystérieux,
ce Défenseur que tu promets, Seigneur.
Si nous t’aimons
nous le reconnaîtrons.
Et nous répéterons :
“Voyez comme le Christ nous a aimés
puisqu’il nous donne son Esprit.
Nous vivons de sa vie
et nous reconnaissons en chaque frère
qu’il est vivant !”