5e dimanche de Pâques
Dimanche 10 mai 2020
5e dimanche de Pâques
Fécondité de la Parole. Les Apôtres ont fait plus que régler un problème pratique en s’adjoignant des collaborateurs de premier plan qui assureront aussi le service de l’évangélisation. Comme les Apôtres, les Sept feront les « œuvres » de Jésus, et « même de plus grandes ».
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Textes bibliques:
https://www.aelf.org/2020-05-10/romain/messe
1re lecture : Ac 6,1-7
La dispute entre frères de langue grecque et ceux de langue hébraïque permet à Luc d’appuyer sa démonstration : chacun, dans sa langue, peut entendre l’Évangile du Christ. Il n’y a pas qu’une seule manière d’être disciple.
Premiers craquements dans la communauté de Jérusalem dus au fait que “le nombre des disciples augmentait”. Après le choix des sept frères pour le service des repas, le texte le redit : “Le nombre des disciples augmentait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs accueillait la foi”. La première partie du commandement du Ressuscité se réalise: être ses témoins à Jérusalem. Mais il va falloir maintenant sortir de Jérusalem.
Les communautés chrétiennes s’organisent. Les Douze désormais resteront fidèles à la prière et au service de la Parole. Luc aime rappeler que maintenant il faut s’organiser pour la mission, ce qui laisse supposer qu’il y a un travail à faire avant que vienne le Christ ressuscité dans sa splendeur.
Parmi les sept frères qui sont choisis pour le service des tables, le texte précise que Nicolas est un païen originaire d’Antioche. Luc par petites touches signale ainsi que l’universalisme de l’Évangile est en marche.
Psaume 32
Dans la première lecture, les sept frères estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de Sagesse, peuvent faire penser aux “hommes justes et droits” que le psaume invite pour la louange du Seigneur.
R/ Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi !
Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Jouez pour lui sur la harpe à dix cordes.
Chantez-lui le cantique nouveau.
Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.
Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.
2e lecture : 1 P 2,4-9
La catéchèse de l’Apôtre se fait biblique. Il utilise les thèmes du Temple, du sacerdoce, de la Parole et il entend montrer aux chrétiens d’Asie Mineure la cohérence entre la vie du Seigneur et les Écritures juives.
Les destinataires de la première lettre de Pierre semblent avoir déjà reçu une sérieuse catéchèse, car il ne devait pas être évident pour eux au départ de comprendre les allusions bibliques. La lecture biblique ici est ouvertement une lecture chrétienne. Jésus accomplit tous les aspects de l’Écriture. Il est le Temple nouveau dont rêvait Ézéchiel. Il rassemble en lui tout l’aspect cultuel de l’Ancien Testament et il peut s’approcher de Dieu, fonction sacerdotale. Les chrétiens, parce qu’ils sont liés au Christ, deviennent par lui et avec lui “des pierres vivantes” pour le “Temple spirituel”, le sacerdoce saint qui peut présenter à Dieu des offrandes spirituelles.
Mais que les chrétiens ne se trompent pas. Si, grâce au Christ, ils sont devenus “la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu”, c’est pour pouvoir “annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière”. Les chrétiens doivent rendre compte de leur bonheur d’aimer le Christ.
Evangile : Jn 14,1-12
La partie la plus originale de l’évangile de Jean, qui n’a pas d’équivalent dans les autres évangiles, est celle où Jésus s’entretient longuement avec le groupe de ses disciples juste avant d’entrer dans sa Passion.
Les chapitres 14 à 17 forment ainsi ce que l’on appelle traditionnellement les «discours d’adieux». L’évangéliste Jean s’inspire ici d’un «genre littéraire» ou modèle : un grand personnage, sachant qu’il va bientôt mourir, fait venir ses amis pour leur transmettre ses consignes ou son testament spirituel.
Jésus savait que ses adversaires cherchaient à le supprimer et qu’il lui faudrait donner sa vie. On peut donc penser que Jésus, lors d’entretiens avec ses disciples, les a préparés à ce qui allait se passer.
Mais ces derniers entretiens de Jésus avec ses disciples baignent dans la lumière de Pâques. Jean les écrit en effet bien après Pâques. Jésus est déjà ici le Christ victorieux de la mort et poursuivant son action parmi les croyants. Les questions de Thomas et de Philippe sont celles des chrétiens. Ils ont des difficultés à croire en la Résurrection de Jésus et à comprendre ses implications dans leur vie de tous les jours.
L’évangéliste explique à ses lecteurs qu’ils ne doivent pas être bouleversés si la venue du Christ dans sa splendeur nouvelle tarde à se faire. Cette venue d’une certaine manière est commencée. Les disciples peuvent en effet rejoindre dès maintenant le Ressuscité et son Père, vivre de l’Esprit, en donnant leur pleine confiance à la parole de Jésus.
Jésus se donne à voir par ceux qui “accomplissent les mêmes œuvres” que lui. Les disciples du Ressuscité peuvent donc être le signe de la présence de Jésus.
On retrouve ici des thèmes chers au quatrième évangile : la foi en la parole de Jésus, l’intimité entre Jésus et le Père, la vérité qu’est Jésus, voir et croire…
Commentaire
“Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure. J’irai vous y préparer une place”. “Pour aller où je vais, vous savez le chemin” : quelques pistes pour commenter l’Évangile du jour.
Voici une page d’évangile qui offre une richesse de contenu exceptionnelle. Deux thèmes – celui de la maison et celui du chemin – résument sous une forme imagée les enseignements de Jésus qui nous sont proposés aujourd’hui. “Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure. J’irai vous y préparer une place”. La maison de Dieu ne se confond avec aucune institution humaine inscrite dans l’histoire, ni temple, ni église, ni tradition d’aucune sorte. Les nombreuses demeures qu’offre cette maison ne suggèrent-elles pas une cohabitation pacifique dont nous sommes décidément incapables ici-bas ? Nous construisons des pavillons, des logements et des appartements, symboles de nos rivalités ou de nos intolérances réciproques. Dieu, lui, nous réserve une maison où tous peuvent se sentir à l’aise, où chacun est reçu et accepté pour ce qu’il est. Sa maison est nue, mais d’une unité qui accueille l’infinie diversité de la création.
“Pour aller où je vais, vous savez le chemin”. L’important est en effet de connaître le chemin qui conduit à la maison du Père. Dans la tradition juive, le chemin vers Dieu avait eu successivement pour noms la sortie d’Égypte, le retour de l’exil, l’observance de la Loi, le pèlerinage de Jérusalem ou encore la liturgie du Temple et de la synagogue. Désormais, c’est un homme qui est le chemin: “Nul ne va vers le Père si ce n’est par moi”. Prétention stupéfiante, qui semble friser le blasphème. Mais il y a deux manières de comprendre cette parole.
On peut l’interpréter en un sens institutionnel et restrictif. “Je suis le chemin” se traduirait alors par : “Les hommes ne peuvent aller vers Dieu qu’en suivant les voies que leur indiquent ceux qui se réclament de moi”. C’est confondre le Christ avec l’Église, l’unique chemin avec les divers chemins tracés par les confessions chrétiennes au fil de l’histoire. L’autre manière de comprendre la parole de Jésus refuse de réduire le chemin à un enchevêtrement de voies ferrées. A présent, c’est un homme qui ouvre une route accueillante, difficile certes, mais jamais inaccessible. Cet homme appelle les passants à le suivre, sans autre condition préalable que l’amour et la foi. Faut-il ajouter que le chemin de l’Évangile n’exclut nullement – bien au contraire – la diversité des langages, des sensibilités et des rites ?
A partir de l’Évangile priez le Seigneur..
Pour nous apprendre ton mystère,
tu nous redis ton nom, Seigneur,
de tant de manières :
Tu es le Voyageur qui nous rejoint,
l’Agneau sans défaut,
le Berger des brebis
et la Porte de la bergerie,
tu es le Chemin, la Vérité, la Vie…
En vérité, Seigneur,
ce n’est pas assez pour toi de montrer le chemin :
tu es le chemin.
Ce n’est pas assez pour toi de proclamer la vérité :
tu es la vérité.
Ce n’est pas assez pour toi de nous donner la vie :
tu es la vie,
notre vie, maintenant et toujours,
alléluia !