Messe des rameaux
Chers paroissiens,
voici quelques commentaires pour les textes bibliques d’aujourd’hui et une petite proposition pour les enfants en pièce jointe.Je vous rappelle qu’à partir de 11h00 vous pouvez venir à l’église pour chercher les branches des Rameaux bénis.
Messe des rameaux
Abaissement et exaltation du juste souffrant. La souffrance du juste – qu’elle soit du prophète, du psalmiste ou de Jésus – est un véritable scandale. Mais jamais Dieu ne les abandonnera. L’obéissance de Jésus « jusqu’à la mort » lui vaudra d’être « Seigneur, à la gloire de Dieu le Père ».
Entrée messianique (Mt 21, 1-11)Jésus et ses disciples, approchant de Jérusalem, arrivèrent en vue de Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers. Alors Jésus envoya deux disciples en leur disant : « Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez-les et amenez-les moi. Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez : ‘Le Seigneur en a besoin’. Et aussitôt on les laissera partir. » Cela est arrivé pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète : Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme. Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut en proie à l’agitation, et
disait : « Qui est cet homme ? » Et les foules répondaient : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »
– Acclamons la Parole de Dieu.
1e lecture :
Un prophète anonyme se cache derrière les chapitres 40 à 55 du livre d’Isaïe. On situe son action parmi les exilés en Babylonie. Plusieurs de ses poèmes concernent “le serviteur de Dieu”.
Qui est ce “Serviteur de Dieu” ? On peut penser au prophète lui-même, ou au peuple qu’il représente. Les chrétiens aiment identifier ce personnage à Jésus. Les récits de la Passion de Jésus puisent dans ces poèmes pour certains passages. Ainsi la scène des moqueries des soldats évoque le poème qui sert de première lecture en ce dimanche des Rameaux : “Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats”. C’est une manière de suggérer que Jésus “accomplit” les Écritures.
La formule: “un homme qui se laisse instruire” est répétée; elle est une façon de nommer le disciple. Cet homme se nourrit chaque jour de la parole. Il semble bien que le “Serviteur” ici soit le prophète qui reçoit l’instruction du Seigneur pour la communiquer à “celui qui n’en peut plus”, à l’exilé.
Le Serviteur ne se dérobe pas à sa mission parce que sa confiance en Dieu est totale. Qu’importe le malheur présent, puisque le Maître vient à son secours, c’est-à-dire le délivre.
LECTURE du livre du prophète Isaïe (50, 4-7)
« Je n’ai pas caché ma face devant les outrages, je sais que je ne serai pas confondu »
Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.
PSAUME psaume 21 (22)
Peu nombreux sont les textes de l’Ancien Testament qui puissent s’accorder à l’abaissement de Jésus et à son affrontement sans dérobade à la souffrance durant sa Passion. Le Psaume 21 est l’un d’eux. Les premiers chrétiens s’en sont inspirés pour raconter la Passion de leur Maître.
Refrain: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! » R
Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os. R
Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide ! R
Tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur. R
2e lecture:
Dans la lettre aux Philippiens, on constate combien Paul est profondément attaché au Christ. Il le mentionne presque à chaque phrase. Il insère pour appuyer ses conseils un magnifique chant sur l’abaissement du Christ Jésus.
Le texte comporte deux strophes. La première évoque un mouvement de haut en bas : “Lui qui était dans la condition de Dieu… se dépouilla… s’est abaissé”. La seconde est au contraire une remontée absolue : “Dieu l’a élevé au-dessus de tout”.
En quoi a consisté cet abaissement de Jésus ? Certains pensent à l’Incarnation. Le Fils de Dieu se serait abaissé en devenant le fils de Marie. Cette interprétation ne correspond pas au contexte puisque Paul donne Jésus en exemple: la conduite des Philippiens doit être “la même que celle du Christ Jésus” (Philippiens 2,5). Or personne ne peut imiter le Fils de Dieu dans son Incarnation.
L’abaissement dont a fait preuve Jésus, c’est qu’il a pris la condition de serviteur. Il est venu pour servir et non pour être servi. Il s’est donné jusqu’à mourir et mourir sur une croix. Il n’a pas été un messie triomphant par la puissance et les armes, mais un messie crucifié. Il est resté fidèle à son Père. Les chrétiens peuvent ici imiter l’abaissement de Jésus et prendre leur croix.
SECONDE LECTURE de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens (2, 6-11)
« Il s’est abaissé : c’est pourquoi Dieu l’a exalté »
Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.
Evangile :
Les récits de la Passion ont été les premiers morceaux d’évangile à être rédigés sous forme d’un récit construit. Ils ont été écrits après Pâques. La foi de Pâques y transparaît à chaque ligne. Voici quelques particularités du récit chez Matthieu.
Le texte de Matthieu se réfère discrètement au livre de Zacharie où Dieu se plaint que son prophète soit peu estimé : “trente pièces d’argent” comme pour un esclave. La même somme est payée à Judas pour Jésus.
Au moment de l’arrestation, Jésus est parfaitement calme.
Il demande tranquillement de ne pas riposter par le glaive.
Il reste libre et maître de lui-même. Il parle de la fidélité du Père : “Crois-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père…”.
Le récit met en scène ici le Seigneur, le Fils du Père, celui que célèbrent les communautés chrétiennes nées de Pâques.
Le procès contre Jésus est un simulacre, puisque les témoignages sont “faux”. Le grand prêtre reprend les termes de la foi chrétienne : “Jésus est le Messie, le Fils de Dieu”.
Le songe de la femme de Pilate appuie la responsabilité de ceux qui ont livré Jésus. Ces accusateurs deviennent des accusés.
Un “tremblement de terre” accompagne la mort de Jésus : une façon de suggérer que le monde ancien craque et va laisser la place au monde neuf de Dieu. Les saints des temps anciens y ont leur place.
Matthieu truffe son texte de citations et d’allusions à l’Ancien Testament. La mort de Jésus accomplit les prophéties.
Donner sa confiance au Christ, c’est rester fidèle à la foi d’Abraham et de Moïse qui se déploie dans les Écritures.
Texte de la passion en pièce jointe
Commentaire
Aux yeux du croyant, toute souffrance humaine est scandaleuse. Si Dieu est un Créateur plein de bonté, comment peut-il tolérer qu’il y ait sur terre tant de malheurs et notamment tant d’innocents qui souffrent injustement ? Telle fut, en son temps, l’interrogation angoissée de Job. Tout en s’estimant non coupable, celui-ci refusa cependant d’imputer purement et simplement à Dieu la responsabilité des épreuves du juste. Une perspective toute nouvelle s’ouvrit avec la figure du Serviteur de Dieu qu’évoque la première lecture de ce dimanche. Ce personnage mystérieux représente ici, selon toute vraisemblance, le peuple d’Israël. Sa vocation est d’être le témoin et le porte-parole de Dieu parmi les nations.Mais c’est dans la douceur et la patience que le Serviteur accomplira sa mission.
Le quatrième chant du Serviteur, inséré dans la liturgie du Vendredi Saint, établit un lien entre les péchés du peuple et la souffrance endurée par le Serviteur. C’est à cause des perversités de la multitude que celui-ci est livré au supplice. Voilà pourquoi son martyre peut être un gage de salut pour les autres.
On comprend que les premières générations chrétiennes aient reconnu le Serviteur d’Isaïe sous les traits de Jésus de Nazareth. C’est pour avoir dénoncé les racines humaines du mal que Jésus, en véritable Serviteur de Dieu, subit le martyre. Il est mort parce qu’il s’était engagé jusqu’au bout pour les exclus, les petits, les pécheurs. En cela, il exerce bien une fonction “royale” – et c’est la vérité du récit de l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem –, mais sa royauté est celle d’un prophète martyr, dont le destin donne sens et valeur à la “passion” que subissent d’innombrables victimes. Seul un roi humble et pacifique a des chances de régner sur les cœurs de ses semblables.
Au moment de sa passion, la “royauté” de Jésus apparaîtra dans sa paradoxale et dramatique vérité : sa couronne sera tressée d’épines, son trône sera un gibet d’infamie et la foule hurlera à la mort. Encadrée par les Rameaux et les solennités pascales, la semaine sainte confère à cette tragédie son véritable sens.
Prière d’Évangile
O mes amis, je viens jeter le feu!
Comme il me tarde qu’il embrase tout !
Je dois passer les eaux de la douleur !
Jusqu’à ce jour, quel n’est pas mon tourment !
Restez en paix, vous qui m’avez suivi :
Vigne et sarments ne font qu’un même corps.
Je suis la grappe et vous boirez mon vin,
Le grain qui meurt : vous mangerez mon pain.
Folie de Dieu, Sagesse de la croix !
Force et douceur, langage du pardon !
Qu’en cet amour, nous te suivions, Seigneur,
Toi le chemin, la vérité, la vie !
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