Messe du dimanche 29 mars 2020

Chers paroissiens,
Voici les textes biblique pour ce dimanche avec des commentaires et aussi pour les enfants en pièce jointe.
Bon dimanche

Père Slawek

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Dimanche 29 mars 2020
5e dimanche de Carême

Le Dieu des vivants. La mort n’aura jamais le dernier mot sur Dieu. Il ouvre les tombeaux des exilés par la force de son Esprit et les ramène à la vie sur la terre de leurs pères. De même, et anticipant sa propre résurrection, Jésus délivre Lazare des liens de la mort.



1e lecture : 
En Babylonie, le prêtre et prophète Ézéchiel redit aux exilés de Jérusalem que leur Dieu est un Dieu de vie. Il est bien capable de faire sortir son peuple comme jadis il a fait sortir leurs pères d’Égypte et lui redonner pleine vie.
L’Exil en Babylonie a duré cinquante ans. Certains exilés, las d’attendre une libération, sont tentés de se tourner vers les dieux de leurs vainqueurs, d’autres s’accommodent de la situation et ne veulent plus revenir au pays que les plus jeunes n’ont jamais connu, d’autres enfin espèrent et gardent une confiance totale au Dieu de leurs ancêtres.
À ses frères exilés déçus ou indifférents, Ézéchiel répète avec force et inlassablement qu’il y a un avenir pour leur peuple. L’alliance avec Dieu est toujours active. Aussi rappelle-t-il plusieurs fois la formule qui la consacre : “Vous saurez que je suis le Seigneur”. Des frères ont la certitude d’être morts : Dieu ne les a-t-il pas abandonnés, oubliés ?
Tout est pour eux irrémédiablement fini : le peuple n’existe plus. Et quand bien même la mort est là, elle ne peut être victorieuse de Dieu. C’est la conviction du prophète. Celui qui a donné son souffle de vie à son peuple au temps de Moïse va détruire cette mort et ouvrir les tombeaux. La méditation du message d’Ézéchiel deviendra un des éléments qui ouvriront la foi en la résurrection des morts.


LECTURE du livre du prophète Ézékiel (37, 12-14)
Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez »
Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Vous saurez que Je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous donnerai le repos sur votre terre. Alors vous saurez que Je suis le Seigneur : j’ai parlé et je le ferai – oracle du Seigneur.

Psaume 129
En d’autres termes plus traditionnels, le psaume 129, comme Ézéchiel, dit cette conviction de foi : Dieu vient sauver : “Mon âme attend le Seigneur…”. Mais le texte d’Ézéchiel n’évoque pas la faute et préfère mettre l’accent sur le Dieu Vivant.

R/ Près du Seigneur est l’amour, près de lui abonde le rachat.

Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel ! 
Que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !

Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ? 
Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l’homme te craigne. 

J’espère le Seigneur de toute mon âme ; 
je l’espère, et j’attends sa parole. 
Mon âme attend le Seigneur
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore. 

Oui, près du Seigneur, est l’amour ;
près de lui, abonde le rachat. 
C’est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.

2e lecture: 

Dans une lettre, Paul se présente aux chrétiens de Rome qu’il voudrait rencontrer. Il leur expose les points essentiels de ce qu’il a appris en donnant sa confiance à Jésus Ressuscité.
La grande découverte de Paul sur le chemin de Damas est qu’il était aimé pour lui-même, gratuitement, et sans considération de son importance et de ses performances dans l’observation de la tora ou Loi de Dieu. Avant il pensait obtenir par lui-même la “justice” de Dieu par ses actions. Dieu seul justifie, sauve.
Est-ce dire que la façon de se conduire importe peu? Non. Puisque Dieu nous donne l’Esprit, on est “sous l’emprise” de l’Esprit : “L’Esprit est votre vie parce que vous êtes devenus des justes”. On n’est plus laissé à soi-même, on n’est plus « sous l’emprise de la chair”. L’Esprit pour l ‘apôtre, c’est “l’Esprit de Dieu”, c’est “l’Esprit du Christ”. Comme le Christ a été relevé d’entre les morts par le Souffle divin, nous le serons aussi grâce à ce même Souffle qui nous est donné maintenant.

SECONDE LECTURE de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains (8, 8-11)
« L’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus habite en vous »

Frères, ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.

Evangile : 

Jean est le seul évangéliste à raconter le retour à la vie de Lazare. On peut s’en étonner pour un pareil événement. Le récit est construit de façon à dire la foi chrétienne : Jésus est “la Résurrection et la Vie”.
Les procédés de composition familiers à l’évangéliste se retrouvent dans le récit comme celui du quiproquo:
– les disciples parlent de “mort” et Jésus de “sommeil”,
– Marthe pense au “dernier jour” pour la résurrection des morts, alors que Jésus aujourd’hui est “la Résurrection et la vie”.
Ce n’est pas tellement le “manque” de vie de Lazare que met en scène le récit, mais le “manque de foi” chez les personnes présentes qui entourent Jésus.
Chez Jean, Jésus est “glorifié” à l’“heure” de sa Passion. Jésus affirme ici que la maladie de Lazare est pour la “gloire” de Dieu.
Cet indice relie le geste de Jésus en faveur de Lazare à la Passion qui s’annonce.
Le miracle du don de la vie de Lazare prépare le lecteur à comprendre que, par sa croix, Jésus vient donner à tous la Vie.
Le retour à la vie de Lazare est une image de la Vie divine que Jésus offre à tous.
Après Pâques, les chrétiens relisent le récit du relèvement des morts de Lazare pour mieux comprendre la signification de la Croix.

ÉVANGILE Jean (11, 1-45)
« Je suis la résurrection et la vie »
En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade. Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Jésus répondit : « N’y a-t‑il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil. Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? » Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »
Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

Commentaire

Dans les temps difficiles de l’exil babylonien, au VIe siècle avant notre ère, un prophète se lève pour faire revivre l’espérance d’Israël. Ezéchiel annonce aux siens qu’un peuple nouveau va surgir des ruines de la défaite et que la vie l’emportera sur la mort. Les déportés se redresseront. Dieu mettra en eux son souffle pour qu’ils vivent. Il les arrachera à la servitude et il ouvrira leurs tombeaux. Là où tout espoir semblait vain s’ouvre à présent un avenir dont Dieu lui-même est le garant.

Ce Dieu qui ouvre les tombeaux et en fait sortir son peuple, nous le retrouvons dans le récit de la réanimation de Lazare, l’ami de Jésus. A l’appel des deux sœurs du défunt, le maître franchit le Jourdain pour revenir en Judée. Ce faisant, il prend un risque dont il est pleinement conscient : les dirigeants religieux de Jérusalem lui manifestent une hostilité croissante. A ce premier défi s’ajoute celui qui s’attache au royaume des morts, où règnent l’oubli et la désolation. Jésus affronte ce monde obscur pour y faire éclater sa puissance : “Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra”. Les derniers temps sont ainsi inaugurés : la vie est offerte à quiconque accueille sa parole.

Une tension parcourt ce long récit, entre le désir d’immortalité, profondément ancré en l’homme, et l’acceptation de la mort comme passage vers la vie. D’un côté, Marthe et ses amis, qui auraient voulu que Jésus empêchât la mort de Lazare ; de l’autre, Jésus qui, malgré son chagrin, voit dans la mort de Lazare un signe pour la foi. Derrière Lazare réanimé se profile par avance la figure de Jésus mort et ressuscité. Mais c’est aussi notre commune destinée qui se trouve évoquée par là : nul n’entre dans la vie sans passer par la mort. Mort biologique, certes, mais aussi, pour chacun de nous, mort à ses prétention et à ses assurances tout humaines. Mieux encore que Lazare réanimé, Jésus ressuscité atteste et personnifie l’amour de Dieu plus fort que tous les germes de
mort.

Dans l’évangile de Jean, la réanimation de Lazare est le dernier des “signes” accomplis par Jésus. C’est à la suite de cet événement que “les grands prêtres et les pharisiens donnèrent des ordres : quiconque saurait où il était devait le dénoncer afin qu’on se saisisse de lui” (Jean 11,57). Autant dire que, dans l’esprit de l’évangéliste, la mort de Lazare doit être mise en rapport avec celle de Jésus – de même que la réanimation de Lazare annonce la résurrection de Jésus.
 Une fois de plus, il est recommandé de lire le récit johannique en entier (11, 1-45) et de ne pas se contenter de la lecture brève. On comprend sans peine pourquoi ce texte a été choisi dans l’Église ancienne pour l’instruction des catéchumènes. La confession de foi de Marthe par question réponse (“crois-tu” – “je crois”) se retrouvera dans le rituel baptismal. Surtout, l’image de Lazare sortant du tombeau évoque avec force la nouvelle naissance de celui qui sort des eaux du baptême.

A partir de l’Évangile priez le Seigneur..

Que ta voix m’appelle, Seigneur,
qu’elle me rejoigne
dans les ténèbres du tombeau,
et que je sorte à ta lumière.
Que ta voix m’appelle, Seigneur,
et que je vive.
Approche-toi de cette tombe,
Seigneur Jésus :
ce monde où l’on meurt,
ce monde où l’on tue,
est celui de tes frères.
Que ta voix s’élève, Seigneur,
qu’un peuple vivant,
un peuple d’enfants,
sorte à la lumière.