Entrer dans l’Année sainte

Inscriptions commémorant l'ouverture et la fermeture de la Porte sainte par les papes Pie XII, Paul VI et Jean-Paul II. Portique de la basilique Saint-Jean-de-Latran (Rome).

Inscriptions commémorant l’ouverture et la fermeture de la Porte sainte par les papes Pie XII, Paul VI et Jean-Paul II. Portique de la basilique Saint-Jean-de-Latran (Rome).

A l’initiative du pape François, l’Église entre dans une « Année sainte », le 8 décembre 2015: le jubilé extraordinaire de la miséricorde. Soyons en communion avec toute l’Eglise, au moment où le pape ouvre solennellement ce temps de grâce.

L’Année sainte de la miséricorde s’ouvre le 8 décembre 2015 et sera conclue le 20 novembre 2016 (bulle d’indiction Misericordiae Vultus § 3 et 5). Cette date du 8 décembre est doublement significative. En tant que solennité de l’Immaculée Conception, « cette fête liturgique montre comment Dieu agit dès le commencement de notre histoire.

Après qu’Adam et Ève eurent péché, Dieu n’a pas voulu que l’humanité de meure seule et en proie au mal. C’est pourquoi Marie a été pensée et voulue sainte et immaculée dans l’amour (cf. Ep 1,4), pour qu’elle devienne la mère du Rédempteur de l’homme. Face à la gravité du péché, Dieu répond par la plénitude du pardon. La miséricorde sera toujours plus grande que le péché, et nul ne peut imposer une limite à l’amour de Dieu qui pardonne » (M. V 3). Mais le pape a également retenu « la signification [que cette date] revêt dans l’histoire récente de l’Église ». Il s’agit en effet du « cinquantième anniversaire de la conclusion du concile œcuménique Vatican II ». Or, « les pères du Concile avaient perçu vivement, tel un souffle de l’Esprit, qu’il fallait parler de Dieu aux hommes de leur temps de façon plus compréhensible », « L’Église se sentait responsable d’être dans le monde le signe vivant de l’amour du Père ». Le pape Jean XXIII, qui avait pris l’initiative de concile d’aggiornamento, en avait donné le ton dès son discours d’ouverture du 11 octobre 1962: « Aujourd’hui, l’Épouse du Christ, l’Église, préfère recourir au remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité… » (cité dans M. V 4).

Une tradition millénaire

Le peuple d’Israël connaissait déjà la tradition de l’année sainte: le livre du Lévitique prescrit un jubilé tous les cinquante ans (Lv 25, 8ss). Dans l’Église catholique, la tradition d’un jubilé par siècle remonte au pape Boniface VIII en 1300. Puis le rythme d’un jubilé tous les 25 ans fut adopté à partir de 1475.

Mais, outre ces « jubilés ordinaires », des années saintes extraordinaires peuvent être convoquées à l’occasion d’un événement remarquable. Cette tradition qui remonte au XVIème siècle s’est notamment illustrée avec le jubilé de l’an 2000. Le jubilé de 2016 est « extraordinaire » (il ne correspond pas au rythme du temps: 25 ou 50 ou 100 ans), et, pour la première fois, « thématique » (la miséricorde, et non un événement particulier).